Dimanche 29 mai 2022
Nous passons un week-end de trois jours à Poitiers dans le cadre du semi-marathon du Futuroscope. Nous sommes arrivés hier après-midi afin que je puisse participer au 5 km samedi à 17h00 avant de courir le semi avec Julie ce dimanche matin. Pour revivre ces deux courses il suffit de se servir des deux liens suivants.
- semi-marathon : https://jeff-courseapied.blogspot.com/2022/05/marathon-poitiers-futuroscope-semi.html
Je passe donc directement à la visite de la ville de Poitiers que nous faisons ce dimanche après-midi en guise de récupération du semi-marathon. Pour nous aider, nous avons utilisé une application (VisitPoitiers) développée par l'office du tourisme de Poitiers qui a créé plusieurs circuits. Nous avons opté pour celui du ''Poitiers légendaire''.
Avant de nous rendre sur la place de l'Hôtel de ville, nous passons tout d'abord devant le portail des Augustins et le musée de Chièvres. Il s'agit du portail de l'ancienne église des Augustins, ordre mendiant établi à Poitiers au 14ème siècle. Derrière cette église se trouve le musée Rupert de Chièvres. Ce musée porte le nom d'un donateur qui a légué en 1886 sa collection de mobilier et de peintures.
Nous arrivons devant une façade du Palais des Comtes de Poitou et plus précisément au pied de la Tour Maubergeon. La légende raconte que Guillaume le Troubadour, Duc d'Aquitaine, tomba éperdument amoureux de la femme de son vassal Aymeric 1er de Châtellerault, qu'il appelait la ''Dangereuse''. Il la fit enlever et l'installa dans le donjon du palais des Comtes de Poitou qu'il venait de faire bâtir, pour avoir sa maîtresse à ses côtés. La ''Dangereuse'' passait tellement de temps à regarder la vie par la fenêtre, que les habitants du coin la surnommèrent la ''Maubergeonne''. Ce curieux nom viendrait du Mall-berg, le tribunal des mérovingiens.
Nous passons à présent devant la façade et l'entrée principales du Palais des Comtes de Poitou, Ducs d'Aquitaine, résidence notamment de la Reine Aliénor d'Aquitaine. Une dame nous invite expressément à entrer visiter ce palais. Son accès est gratuit et franchement la salle des pas perdus est de toute beauté ! L'exposition est tout aussi intéressante.
Passage dans la rue des Vieilles Boucheries et ses maisons à pans de bois. On y retrouve même un panneau indiquant un proche ravitaillement pour notre course de ce matin ! Il y a fort longtemps, c'est ici que se trouvaient les boucheries en raison de la densité des caves. Elles permettaient de conserver et travailler la viande plus aisément. Elles communiquaient entre elles jusqu'à ce que les propriétaires les ferment. De nombreuses maisons à pan de bois (appelées maisons à colombages dans d'autres régions) continuent à fièrement se dresser dans cette rue.
Nous arrivons sur la place Charles VII. Récemment réaménagée, plusieurs œuvres d'art s'y trouvent aujourd'hui. L'une d'entre elle représente un crocodile entouré de deux sirènes. Cet ensemble pèse pas moins de 900 kilos de fonte. Elle fait écho à l'une des légendes les plus célèbres de Poitiers : la Grand'Goule. Grand'Goule est le nom d'un dragon légendaire. Il est lié à l'histoire légendaire de la ville de Poitiers, dont il est l'un des symboles. La bête, décrite comme un dragon monstrueux, aurait vécu au temps de Sainte Radegonde, donc au 6ème siècle de notre ère. Elle vivait au fond du Clain, et, lors de la montée des eaux, entrait dans les caves labyrinthiques qui traversaient le sol poitevin. Elle venait souvent dans les caves de l'abbaye Sainte-Croix, et dévorait toutes les malheureuses moniales qui s'y aventuraient. Désireuse d'en finir avec la bête, Radegonde s'arma d'une petite croix, puis d'eau bénite, et, une fois face à face avec la bête, l'aspergea, dit une prière, et la bête disparut dans d'atroces souffrances.
Nous sommes à présent en haut de la rue de la Chaîne qui constituait jadis un axe de circulation important, car c'était le chemin le plus direct pour se rendre dans le centre ville de Poitiers en arrivant de Paris. La rue tire peut-être son nom des chaînes que l'on tendait pour barrer le passage en cas de trouble et pour protéger de la circulation le marché qui se tenait sur l'actuelle place de la Liberté. Le nom étant resté, on peut penser que le quartier était souvent agité. L'Hôtel Fumé doit son nom à Pierre Fumé, avocat et maire de Poitiers au 15ème siècle. C'est l'université qui a aujourd'hui pris possession des murs.
Un peu plus bas se trouve la place de la Liberté avec sa statue jumelle de New York (en plus petit tout de même). Mais elle ne tient pas son nom de cette statue qui y trône. Auparavant elle était baptisée place du Pilori car c'était ici qu'étaient exécutés les condamnés à mort. Ne supportant pas le retour à la monarchie, Jean-Baptiste Breton, général d'Empire, tente une insurrection contre le roi mais un traître le dénonce. Il fut arrêté et guillotiné ici-même. Ses derniers mots sur l'échafaud furent ''Vive la Liberté'', ce qui donna son nouveau nom à la place.
En tournant le dos à la statue de la Liberté, nous apercevons à l'angle de la rue Cloche-Perse, l'Hôtel de la Prévôté. En 1753, sur la place de la Liberté, un homme transporte un chargement de poudre à dos de mule. Alors qu'il fait une pause, l'animal s'impatiente en donnant un coup de sabot sur les pavés. Cela provoque une étincelle qui fait exploser le chargement. La scène est si violente que la jambe de la mule traverse une des fenêtres de cet hôtel et le fer a été scellé dans le mur en souvenir de ce curieux évènement.
En poursuivant notre balade, nous arrivons devant l'Hôtel Royrand datant de la fin du 15ème siècle. Son propriétaire était Nicolas Royrand, maire de Poitiers en 1485. Il a été lieutenant général de la sénéchaussée du Poitou, un des plus hauts postes de l'administration royale.
Nous voici maintenant devant l'église Notre-Dame-la-Grande. En plein cœur de Poitiers, elle est le théâtre de deux des plus célèbres légendes de la ville :
- l'une d'entre elle est le ''Miracle des Clefs''. Au 13ème siècle, les Anglais menacent de prendre Poitiers. Ils proposent alors une importante somme d'argent à un secrétaire du maire en échange des clés de la ville. Mais lorsque le traître va pour s'emparer des clés, elles ont disparu ! Au même moment, une vision miraculeuse au-dessus des portes de la ville terrifie les envahisseurs qui se mettent à s'entre-tuer ! Le lendemain, les clés sont retrouvées dans les mains de la statue de l'église Notre-Dame !
- la seconde légende se déroule à l'extérieur dans l'arcade de la porte murée. Il s'agit de la Grande Galette de Sainte Bauduche. Fut un temps où régnait la tradition d'offrir une galette aux plus pauvres. Un jour, un homme malhonnête se déguisa pour en profiter. Cependant, un jeune garçon mendiant et boiteux fut témoin de la supercherie et pria Sainte Bauduche de rétablir la justice, ce qu'elle fit en offrant la galette au jeune garçon. Depuis, les futurs mariés invoquaient la sainte légendaire pour avoir du beau temps le jour de leurs noces. Après avoir prié au pied de la statue, ils devaient confectionner un gâteau, puis l'offrir à une famille pauvre.
Nous descendons ensuite la Grand'Rue qui abrite beaucoup de maisons à pans de bois mais également au numéro 137 l'incontournable fabrique de parapluies. Puis on retrouve au 118 la ''Maison des 3 clous'' datant du 15ème siècle et devant son nom à la présence de trois clous insolites plantés au sommet de sa façade. Au 113 se trouvait jusqu'en 2016 l'une des dernières ciergeries artisanales de France. Au 102, nous pouvons admirer l'Hôtel de Rochefort du 17ème siècle.
Nous arrivons devant l'église Sainte Radegonde. Elle fut renommée ainsi à la mort de la sainte patronne de Poitiers. Radegonde fut à l'origine de la première abbaye féminine de France et sa renommée était telle qu'elle fut remerciée par la reine Anne d'Autriche pour la guérison de Louis XIV. Le tombeau de Sainte Radegonde se trouve à l'emplacement même où elle fut ensevelie en 587. Une légende concerne Radegonde. Elle était mariée à Clotaire 1er, Roi des Francs, jusqu'à ce qu'elle décide de le quitter après qu'il ait fait assassiner son frère. Sa fuite la mène alors jusqu'à Poitiers. Poursuivie par les troupes de son mari, elle croise le chemin d'un paysan qui sème de l'avoine. Elle lui demande alors de répondre, lorsqu'on lui demandera si la reine était passée par là, qu'il n'avait vu personne depuis qu'il a semé son avoine. C'est alors que le miracle des avoines se produisit : elles poussèrent soudain à une telle hauteur que Radegonde put se cacher dans le champ, à l'abri de ses poursuivants !
Nos déambulations nous amènent au baptistère Saint-Jean est l'un des plus anciens monuments chrétiens d'Occident. Ses fondations datent de la fin du 4ème siècle. Il abrite une piscine baptismale utilisée alors pour le baptême par immersion.
Un peu plus haut, se trouve, la cathédrale Saint-Pierre qui n'avait pas cette allure avant 1160. C'est d'ailleurs Aliénor d'Aquitaine, dix ans après son mariage avec le roi d'Angleterre Henri II ici-même, qui aurait fait construire la nouvelle cathédrale. C'est pour cette raison que l'on retrouve dans les livres d'Histoire deux anecdotes qui créent une certaine confusion : Aliénor se serait mariée dans la cathédrale Saint-Pierre et serait en même temps à l'origine de sa construction !
Nous remontons la rue de la Cathédrale afin de gagner le ''plateau'' de l'hypercentre de Poitiers. Ce plateau est situé en haut d'une colline et il est entouré de vallées creusées par deux rivières encerclant la ville : le Clain et la Boivre. Lors de cette remontée de rue, nous tombons sur l'ancienne Hôtellerie de la Rose où Jeanne d'Arc logea en mars 1429. Elle en repartit pour aller délivrer Orléans des Anglais.
Après deux heures de marche dans la ville, nous en terminons avec le circuit du ''Poitiers légendaire''. Un très bon moment de découverte et d'anecdotes. Se laisser guider par l'application a été très agréable. Nous nous arrêtons sur la place de l'hôtel de ville où nous craquons pour deux beignets aux pommes achetés à ''La Mie Caline''. Une fin de journée gastronomique bien équilibrée car le soir nous nous offrons deux jolies pizzas chez ''Ô 24 heures'' non loin du Parc de Blossac (96 rue de la Tranchée) : la ''4 fromages'' pour Julie (sauce tomate, fromage mozza, comté, chèvre, fourme d'Ambert) et la ''Campagnarde'' pour moi (crème fraîche, fromage mozza, aubergines, poivrons, viande hâchée, oignons, jaune d'œuf ) !